Les vendanges en fête : vivre les récoltes dans les villages du Beaujolais

04/11/2025

Un territoire vivant au rythme des vendanges

Au mois de septembre, le Beaujolais s’électrise. Le paysage prend des couleurs chaudes, les rangs de vignes bruissent d’une énergie palpable. À cette période, chaque village, de Fleurie à Juliénas en passant par Oingt ou Villié-Morgon, célèbre les vendanges à sa façon. Plus qu’une simple récolte, il s’agit d’un moment fort, où traditions viticoles, rites festifs et liens humains s’entrelacent, offrant à tous un parfum de fête et de mémoire vive.

Le top départ : entre météo, tradition et tension

La date des vendanges dans le Beaujolais n’est jamais laissée au hasard. Elle est fixée chaque année par arrêté préfectoral, sur la base d’analyses précises des maturités du raisin. Quelques jours avant cette déclaration attendue, les discussions vont bon train à la boulangerie, au café du coin ou au détour d’un rang. Beaucoup se souviennent de 2003, où la cueillette avait débuté dès le 18 août, sous une canicule record (source : Vitisphere).

La veille du grand départ, la fébrilité gagne tous les habitants :

  • On affûte les sécateurs et les paniers,
  • On prépare le casse-croûte pour les vignerons,
  • Les hébergements rustiques attendent la joyeuse troupe des vendangeurs venus parfois de loin.
Dans le Beaujolais, autour de 35 000 vendangeurs sont mobilisés chaque année, une véritable force vive, mélange de familles, d’habitués et de nouveaux venus (source : France 3 Régions).

La journée type des vendanges en Beaujolais

Le matin, les rues s’animent tôt : rires, cliquetis de cafetières, promesses murmurées dans le brouillard. Le départ vers les vignes est parfois salué par le tintement des cloches ou des fanfares locales. Certains villages perpétuent le petit-déjeuner collectif, autour d’un bol de café, de charcuterie, de fromage et de tartines au beurre—pour tenir toute la matinée, bien sûr !

Le casse-croûte de 9 h

Impossible d’imaginer les vendanges beaujolaises sans la pause casse-croûte. Elle se prend parfois à même la vigne : pain, saucisson, fromage de chèvre de la région, et—bien sûr—un premier verre de jus de raisin ou le traditionnel « mâchon ». Ce moment renforce la convivialité : ici, pas de hierarchie. L’anecdote racontée à cette occasion fait souvent la réputation du millésime !

Un ballet orchestré : traditions et gestes hérités

Dans la plupart des villages du Beaujolais, la vendange reste majoritairement manuelle. Ceci s’explique par la méthode de vinification « macération carbonique », typique du Beaujolais, qui requiert des grappes entières non abimées (source : Inter Beaujolais). On avance au rythme des chants, parfois guidés par l’accordéon d’un musicien local venu encourager les troupes.

Les fêtes de fin de vendange : quand le village s’embrase

Une fois la dernière benne vidée au cuvage, place à la célébration. Chaque village, même les plus petits, honore la tradition d’une fête de fin de vendange, parfois appelée « La Paulée ». Le nom vient du terme « pauler », signifiant « ramasser à la pelle », évoquant la fin d’un dur labeur collectif (source : Le Monde du Vin).

  • À Beaujeu, berceau du Beaujolais, on organise régulièrement des banquets rassemblant vignerons et vendangeurs autour de grandes tablées, sous une halle décorée.
  • À Romanèche-Thorins, la fête s’accompagne souvent d’un bal, ouvert à tous, où l’on danse sur des airs populaires jusqu’au bout de la nuit.
  • À Theizé, village connu pour sa pierre dorée, on allume parfois de grands feux et l’on partage une soupe de vendangeur, spécialité locale à base de légumes et, parfois, d’un trait de vin nouveau.

Les repas sont simples et généreux : coq au vin, tarte au sucre beaujolaise, cervelas pistaché, pommes dauphines, le tout couronné de quelques verres du fameux vin nouveau, encore trouble, mais déjà festif. Certains villages perpétuent la tradition du « baptême » du vendangeur novice, rituel bon-enfant à base de farine, de raisin écrasé… et de bonne humeur !

Anecdotes et singularités d’un territoire

  • À Jullié, en Haut Beaujolais, cheval de trait et charrette décorée mènent encore la petite fête du village pour commémorer la dernière grappe ramassée.
  • À Chénas, l’on garde la coutume de suspendre dans la rue principale une vieille branche de vigne, ornée de rubans, pour signaler que les vendanges sont finies.
  • À Morgon, une chorale improvisée de vendangeurs salue le dernier pressoir, avec une chanson adaptée chaque année sur un air populaire.

Dans certains villages, on retrouve la coutume du « dépiquage », où un ancien initie les plus jeunes à la lecture de la maturité des grains et à la reconnaissance des cépages locaux. Une façon de transmettre le savoir, sans prise de tête, au détour du dernier rang.

La Fête des Vendanges : héritages et modernité

Le Beaujolais ne serait pas lui-même sans sa célèbre Fête des Vendanges, organisée dès la mi-septembre dans de nombreux villages. Ces festivités, parfois centenaires, mélangent tradition et créativité.

  • Défilés de chars décorés : les enfants rivalisent d’ingéniosité avec les vignerons pour mettre en scène l’histoire du cru local.
  • Concours de foulage du raisin à pieds nus, écho joyeux à des gestes d’autrefois ; à Fleurie, on remet encore le prix du « meilleur fouleur ».
  • Messe des vendanges : dans plusieurs églises, on célèbre une cérémonie dédiée, remerciant la terre et les hommes, bénissant parfois les paniers de raisins.
  • Bals populaires, séances de dégustation de vin nouveau, démonstrations de pressurage à l’ancienne et animations musicales rythment toutes ces journées.

En 2022, la Fête des Vendanges de Beaujeu a rassemblé près de 4 000 visiteurs, preuve que la tradition attire tant les locaux que les amateurs venus de Lyon, Mâcon ou d’ailleurs (source : Le Progrès).

Conseils pour vivre les vendanges en tant que visiteur

Il n’est pas nécessaire d’être né dans le Beaujolais ou d’avoir le pied vigneron pour participer à la fête. Plusieurs domaines ouvrent leurs portes aux visiteurs, proposant immersion et balades accompagnées.

  • Pensez à réserver bien en avance durant la période des vendanges (mi-septembre à début octobre) : la demande est forte !
  • L’expérience peut inclure la participation symbolique à la cueillette, la visite des chais, la découverte des anciennes machines (dont certaines datent du XIX siècle), sans oublier la dégustation du fameux vin primeur.
  • À Villefranche-sur-Saône, la Maison du Beaujolais propose chaque année des animations, expositions de photos et conférences sur les vendanges d’hier et d’aujourd’hui.
  • N’hésitez pas à aller à la rencontre des habitants : leurs souvenirs, petits secrets et recettes familiales font le sel de ces journées.

Pour chaque événement, renseignez-vous via l’office de tourisme local ou le site Destination Beaujolais qui répertorie l’agenda et les festivités villageoises.

Quand authenticité rime avec partage : à la source de l’esprit Beaujolais

Assister à une fête de vendange dans le Beaujolais, c’est vivre une parenthèse hors du temps. On y goûte la solidarité d’un territoire, l’attachement aux gestes d’antan, et ce plaisir humble de faire ensemble. Que l’on soit vendangeur d’un jour ou simple curieux, la porte des villages reste toujours ouverte. Ici, la vendange se célèbre dans le respect du terroir, une convivialité incarnée, et une joie du travail bien fait. D’année en année, les traditions évoluent, mais toujours pour garder vif ce lien entre la vigne, les hommes… et la fête.

Le Beaujolais sait mieux que beaucoup allier l’exigence des terroirs à la chaleur des cœurs : une invitation renouvelée à venir partager, goûter, vivre ce temps si précieux des vendanges.

Sources : Vitisphere, France 3 Régions, Inter Beaujolais, Le Monde du Vin, Le Progrès, Destination Beaujolais

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